De retour

 

        L'appropriation, quelle belle notion ! S'approprier c'est comme serrer fort contre soi. lorsque l'on découvre et que l'on apprécie quelque chose et bien on se l’approprie et par conséquent on va l'aimer et le protéger.

C'est ce qu'il se passe avec les endroits que j'aime. En quelque sorte c'est comme s'ils m'appartenaient.

Après plus d'un an de voyage je me suis rendu compte que la nature que j'aimais le plus était celle de chez moi, celle qui m'a vu grandir, celle où j'ai ressenti des sensations de folie ou pas, que ce soit à la pêche, en ballade seul ou avec des amis. J'ai beau avoir vu des endroits plus formidables les uns que les autres rien n'y fait ; ma rivière n'en sera que plus belle ; la plus belle.

Voilà ce que j'aurais retenu de la leçon des rencontres où cet état d'esprit était dans le cœur de beaucoup durant ce périple. L'humilité et l'amour que l'on ressent pour notre rivière. C'est là dedans que le pêcheur est utile, peut-être même essentiel.

Bref, fini les rêveries petit poney ! De retour au pays il y a eut du chicot à nettoyer et le détartrage ne s'est pas fait attendre ! J'ai eu besoin dans un premier temps de fouler mes espaces et de continuer l'infinie prospection. Pour ça rien de mieux qu'un équipement léger donc …. de la pêche à la mouche !

J'ai commencé par un spot que je connais bien mais bizarrement pour la saison le niveau était très haut. C'est donc dans les grands renfoncements de faible profondeur que se concentraient les carpes. Et devinez quoi ? Elles étaient à table... Toute la zone était la table si bien que dans cet épais nuage de sédiment il était impossible de localiser clairement les poissons. Seules les plus grosses caudales frôlaient la surface laissant imaginer le reste du corps de la bestiasse. 

Alors devant ce spectacle il faut faire preuve de tact. Je décide de miser sur du gros. Une imitation d'écrevisse d'environ 4 cm bien lestée pour bien ressentir le fond. C'est parti pour tâtonner. Bien oui, il faut caler la mouche devant la carpe et en mode aveugle c'est tendax... Avec certes pas mal de réussite une sensation subtile voire même subliminale m'ordonne de ferrer et c'est non sans joie que démarre en trombe un obus des eaux troubles !!!! Pfffiouuu toujours aussi fracassant ce fish ! 

Une fois piquée la bombe fuse de droite et de gauche, la lutte est violente, il me faut rentrer dans l'eau car le poisson est plus gros que prévu. Ah oui !!! Une fois dans la filoche je m'en rend compte , c'est un super cadeau pour fêter mon retour.

J'ai pas perdu la main, c'est déjà ça. Ce poisson m'aura ému et m'aura suffit. Je n'attaquerai même pas les autres, bien plus petits. La carpe à la mouche reste assez mystérieuse. Je dois passer une VAE pour l'obtention du diplôme de moniteur guide de pêche et cette technique en sera ma spécialité même si je pratique d'autres pêches. J'espère vraiment pouvoir vous amener à la rencontre de ce superbe poisson. Inch' allah!

En tout cas , même si je pêche la carpe à la mouche depuis maintenant 10 ans , la remise en question est vitale. C'est le cas pour tout les poissons certes mais la carpe est si mystérieuse, si différente d'un spot à l'autre que le casse tête est illimité et franchement cette quête de réponses est prenante. 

Il faut sortir des sentiers battus, oublier les acquis et simplement marcher au bord de l'eau. Cet été j 'y ai consacré quelques journées. Recherche de nouveaux lieux, affinage des mouches et des approches.. Un gros délire en mode Rambo avec en prime quelques nuits seul, au bord de mes cours d'eau fétiches.

Je dois aussi vous parler d'un poisson qui aura en quelque sorte sauvé ma journée … Oui je sais gna gna gna normalement on doit dire que seul le fait d'être au bord de l'eau comble le pêcheur de joie. Mais dans la réalité un p'tit fish ne fait pas de mal.

Chez moi, certains cours d'eau changent énormément suite aux crues torrentielles et c'est à chaque fois une redécouverte. Les bancs de sables/graviers/galets se déplacent et c'est une toute nouvelle rivière que l'on aborde. Durant cette journée j'ai attaqué un paquet de poissons... Eau claire, poissons qui se nourrissent comme des fous, abondance de la bouffe mais en fait un brave choux blanc avec des refus à gogo. Le genre de sessions où tu vois des poissons de partout, tu te dis que ça va être la fiesta et finalement nada...

Un peu habitué à ce cirque je fais demi tour. Puis sur l'autre berge une caudale fait régulièrement surface . Ça graille sévère là-bas. Le groin dans le sable la belle s'en donne à cœur joie ! Bon, ça sent le challenge. Le fish se nourrit en bordure dans 40cm d'eau mais il est à 15m de moi et un fort courant nous sépare. On va sortir un peu de soie et tenter une approche malgré un large panel de difficultés. 

Quelques tentatives me permettrons de finalement faire le taf. Proposer la mouche là où il faut et surtout avec le temps nécessaire à la visualisation de la proie et l'aspiration de la carpe ; moins de 3 secondes millimétrées qui se termineront par une prise de contact et un ferrage dans les règles de l'art. Plutôt content de mon coup, j'ai ensuite cavalé derrière cette carpe qui a simplement décidé de dévaler, le courant aidant. Épuisette/sourire/photo/relâche. Voilà une scène de pêche bien originale et différente des approches habituelles..

Pour les sessions qui suivront c'est plutôt du côté des black-bass que je me suis tourné mais ça , ce sera pour plus tard !

90 Jours

       Waouuu que le temps passe vite, déjà trois mois sans article. De l’eau est passée sous les ponts et bon nombre de poissons sont passés chez le dentiste.

 

 Voici donc le premier épisode d'une petite série d'articles retraçant mes dernières virées à la pêche.

Pour se remettre les idées au clair revenons dans le temps, un coup de magnéto en arrière jusqu’à la fermeture du carnassier. 

Un moment au plus convivial avec les potes, mais seulement avec les potes car niveau fish ce fut bref, très bref… 

 Le fameux repas des bredouilleurs... Rillettes qui collent aux dents, pain sauvageon et boissons fantaisies. Rien de tel pour redoubler d'efforts
mais le compteur restera au point mort.

Ensuite c’est l’hiver et sa pause carna. Un bon moment pour ranger, nettoyer, non j'plaisante, c’est pêche de la carpe à la mouche !! Qu’il pleuve, qu’il vente il suffit d’avoir un minimum d’équipement et de foncer tête baissée ! 

 Les jours et les conditions s'améliorent laissant deviner le printemps et son regain d'activité. Pour changer un peu de la traque à la mouche une petite prospection sur un nouveau spot avec une canne UL et un micro jig. L'imitation d'écrevisse conçu à la base pour pêcher les black bass fonctionne trés bien sur les petites carpes agressives! Une bonne variante pour ceux qui ne souhaitent pas tenter l'aventure "mouche".

  Désormais le printemps se fait bien présent, ça sent bon la truite.... Et le canard... 

38 degrés.2

          Comme je le disais la semaine dernière, en ces temps frappés par la canicule la "fenêtre temps" que nous propose la pêche se réduit à deux moments de la journée : le matin et le soir.

Vendredi dernier, je me suis empressé de pauser ma matinée pour profiter au maximum des entrées maritimes annoncées la veille.

Arrivé sur l’eau vers 8h30 j’entame une remontée à pied du cours d’eau. Les cigales ne chantent pas encore, les touristes sont dans les bouchons et seuls quelques pinsons m’accompagnent en chanson.

Un premier trou d’eau me réconforte dans mon choix, elles sont là, en pleine activité alimentaire. 

Les carpes profitent de cette accalmie thermique pour faire le plein !

Un premier gros poisson sera piqué assez rapidement. Gros combat dans les herbiers, sous les blocs rocheux, dans les troncs immergés… Pffffiiouuuuu ça commence fort ! 

Soigneusement, je décroche le fish, passe les mains sous le ventre pour la photo et soudain je me reçois un coup de caudale en pleine tête, la carpe me glisse des mains et fonce vers le large… Abasourdi, je me rends compte qu'elle m'a eu!

La coquine, elle ne voulait pas paraître sur le blog !!!!

Je continue ma prospection, les petites arrivées d’eau regorgent de poissons blancs. 

Il y a de tout : barbeaux, goujons, sophies, gardons, vandoises, perchettes,  et chevesnes dont voilà deux Gugus qui postés, attendaient qu’une bestiole tombe à l’eau. « Pas de problème les gars j’ai ça en magasin ! »

    Après cette petite rigolade, j’arrive sur une superbe zone. Le cours d’eau s’élargit, il y a plus de fond, ça sent l’poisson !!

Tandis que deux belles perches chassent dans les bancs d’alevins, une énorme carpe fouille le fond. Je la reconnais c’est Gertrude. Un pêcheur me l’avait montré l’année dernière… Elle est énorme. Tout tremblant j’arrive a déposer ma mouche à moins de 10cm de sa gueule.. Elle relève la tête, hésite un instant et refuse mon invitation… La pression retombe brutalement, celle-ci ne se fera pas berner comme ça.

Un peu plus loin, un poisson relativement plus petit se rapproche du bord… 

Je m’empresse de me frayer un chemin histoire d’accéder à la berge. Mon sécateur m’aide beaucoup car les ronces ont tout envahit. "Vite vite elle mange" !! Je lance mais rien ne tombe à l'eau, je me suis emmêlé dans les ronces qu’il y a derrière moi. "Aie aie aie, ne pas confondre vitesse et précipitation !!!" Nouvelle tentative et c’est la bonne. Le poisson arrive "pénoss" et s’empare de mon imitation d’écrevisse.

Je ferre et Là débute un long et interminable combat. Le tracteur démarre lentement une remontée de la rivière. Tous les 10 mètres elle semble accélérer, le frein ronronne ! 

Je peux tenter de la brider mais rien n’y fait, il va falloir être patient car cette taille de poisson est limite pour ma canne.  Quelques minutes après la voilà qui approche et malgré ces dernières tentatives j’arrive à la saisir !!!! Waooo quelle carpe !!! Une magnifique commune, je suis aux anges ! 

 Sacrée récompense !! Je n’en demandais pas tant !! A ce moment, je suis loin d’imaginer ce qui va suivre.

      Après une petite baignade détente je reprends ma route, il est déjà 12h30 et l’estomac gargouille à souhait.

Je décide de continuer ma remontée sur une cinquantaine de mètres quand me retrouve stoppé par un autre monstre, elle est du même gabarit que la première." J’ai gagné au loto ou bien ???"

Je garde la même mouche et lance. Même type de poste, même type de poisson mais pas la même réaction !! Ah non pas du tout !!! A peine la mouche au fond, la carpe fonce dessus et la gobe projetant ses grosses lèvres pulpeuses sur ma pauvre écrevisse en peau de lapin.

Réflex, je ferre ! J peux vous dire qu’elle fut très surprise vu l’espèce de démarrage qu’elle m’a mit dans les dents !! Je suis obligé de sauter à l’eau pour m’écarter des branches, souches et autres "coupes fils". 

La soie fuse, le backing apparaît beaucoup trop rapidement. A ce moment je ne pense pas pouvoir ramener ce poisson. Le combat est rude, elle est très maline et se frotte à tous les obstacles de la rivière. Mon bas de ligne morfle et mes avant-bras aussi !

Un bon quart d’heure après, on y est, je maintiens le fil, glisse le poisson sur mes genoux et soulève la bête de course face à l’appareil photo !!! YESSSS !!!

J’en reviens pas, deux poissons record coup sur coup !

C’est bon, j ai ma dose, il me faut faire demi tour et dévaler les quelques kilomètres qui me séparent de la voiture ! 

Sur le retour je croiserai un brochet au comportement suspect. Il ne bouge pas beaucoup et se cogne un peu partout. J’arrive même à l’attraper à la main. Un pêcheur l’a pêché il y a quelques jours mais il en est devenu aveugle. En effet, certains les attrapent et les maintiennent pas les yeux. Ca serait soit disant sans séquelles pour eux. Oui oui soit disant.

 Maintenant c’est sur, cette tenue du poisson est radicale et sans retour en arrière possible. Un poisson aveugle c’est un poisson mort.  Encore une erreur et même si le pêcheur  ne voulait pas sa mort il va surement mal finir !

Malgré ce pauvre brochet ma matinée fut idéale, beaucoup de poissons, pas de touriste en mode bronzette et une bonne dose d’oxygène !! Vivement la prochaine partie de pêche !!