mercredi 5 décembre 2012

Frénésie...


                   

                             A l’heure où j’écris cette histoire je rentre d’une journée de pêche, une session comme tant d’autres à profiter de ces moments si précieux.
Cette partie de pêche n’était à vrai dire qu’une balade sur l’eau, aucun poisson n’a voulu dévorer de plastique aujourd’hui.
 « C’est aussi ça la pêche … » Cette phrase ; tout pêcheur pourra vous la ressortir.
C’est la phrase bouée de sauvetage histoire de dire que la prochaine fois on fera mieux !
Puis sérieusement c’est avant tout ça la pêche : Être au bord de l’eau, seul ou accompagné, l’esprit divaguant de branches en nuages.
Maintenant parlons de l’autre sens que nous laisse soupçonner cette phrase…
Quand un pêcheur rentre bredouille et qu’on entend « C’est aussi ça la pêche », on peut s’imaginer qu’il y a des fois ou c’est la folie, des fois où les poissons se battent pour croquer nos leurres. Et bien je confirme, ça arrive, et quand ça arrive, on s’en souvient et notre fameuse phrase prend réellement tout son sens.


   Pour fêter les 30 ans d'Edouard le pro du démantèlement  nucléaire et de Gaby le prof d'histoire, toute la bande s’est réunit dans une maison de campagne dénichée par notre incroyable organisatrice Marion.
Le froid automnal, la route, et les retrouvailles nous aurons bien mis en appétit … Apéro rigolo, raclette de compétition, la soirée déroule et délire.
Vers 4h du mat ma tête heurta l’oreiller.
Le lendemain je me rendis compte que j’avais frappé l’oreiller un peu fort, d’où cette douleur crânienne.
Pour se remettre les idées en place rien de mieux que prendre l’air. Et pour moi prendre l’air se transforme vite en balade au bord de l’eau avec une cane à pêche.
En gros j’ai encore succombé à cet appel…oui encore…
J’avais au préalable repéré la zone sur le net et me voila sur la route à la recherche d’un petit coin d’eau fort sympathique.
Je gare sur le bas côté la voiture de sport qu’Eric m’a gentiment prêté. Ahlala merci Zézé, tellement sympa.
Je monte ma canne, vérifie le bas de ligne en titane histoire de ne pas me faire couper par d’éventuels brochets, accroche un gros leurre de type jerk-bait et balance ça au milieu de l’eau.
J’attends quelques secondes que le faux poisson descende un peu, l’anime en émettant quelques à-coups et Boom un truc a frappé dans mon leurre, un petit brochet s’est fait avoir…
Dit donc ça commence fort bien… 


Je remets le gentil bestiau à l’eau et continue ma prospection.
Je décide de partir côté forêt, il y a des traces de gros gibiers au sol. Ce doit être des chevreuils, il y a aussi beaucoup de sangliers dans les parages, la terre est carrément labourée et tout ça me laisse présumer la présence de chasseurs à l’affût. Alors style l’air de rien je me suis mis à siffloter de temps en temps pour ne pas être confondu avec un gros gibier. Oui oui j'avais la trouille...
Niveau pêche c’est quand même la galère, je n’arrive pas à accéder à l’eau, je m’enfonce dans la boue et sur le peu d’accès au bord mes tentatives restent infructueuses.
Les carnassiers sont peut être ailleurs ou peut être regroupés, ce qui arrive fréquemment à cette saison. 
Mais où ??? Tel le poissonnier du coin je me mets à crier: "C'est le dentiste, qui veut un détartrage gratuit???" Alors je décide de faire demi-tour et d’insister là où ça a marché. A mon retour au point de départ un élément décisif me fit légèrement sourire, la confiance va revenir : Un grand banc d’ablettes est en activité.
A la base c’est le soleil qui a fait éclore de petits insectes aquatiques, ces derniers s'envolant dans les rayons chauds du soleil pour un ébat furtif et retombant parfois à l'eau après l'effort produit.
Les ablettes quant à elles, se sont regroupées à cet endroit pour venir les gober et je l'espère, leurs prédateurs les auront suivi. 
Pour le savoir il ne me reste plus qu'à propulser un leurre là dedans.
Cette hypothèse à base d'observation et de chaîne alimentaire sera de suite vérifiée par une belle attaque de brochet sur mon leurre. Allé hop un détartrage pour toi Gougnac!




Maintenant j’en suis persuadé, les carnassiers sont là, ils ont suivi leur frigo !
Les gobages sont nombreux et étalés sur plus de 100mètres. C’est vraiment un bon gros frigo.
Je continue mes lancés en me disant qu’à chaque animation je peux prendre une grosse châtaigne ! 
Et bien vlan une de plus, oulla c’est jolie, les coups de têtes du poisson sont plus secs, c’est étrange ! A mon grand étonnement vu la taille du leurre ce n’est pas un brochet mais une énorme perche ! Elle doit faire facilement plus de 2 kilos et elle est venue s’emparer d’un poisson nageur avoisinant les 17 cm ! "Tu avais faim toi!"
Elle est bien grasse, quel bidou bien remplit.
"Record perche battu !" 



Je change de leurre pour un "lipless" qui descendra plus vite et vibrera lors de sa remontée.
Je lance, laisse descendre et Boom!! Ferrage, bagarre! 
 

J’hallucine, ça n’arrête pas !!!! J’ai déclenché une véritable frénésie alimentaire ! Les poissons sont partout, à toute hauteur d’eau !
Les brochets et les perches s’enchaînent. Quand un leurre ne marche plus j’en mets un autre et BIM ! 



Ce que je suis entrain de vivre est très rare, je suis au bon endroit au bon moment, tous les paramètres sont réunis alors il faut assurer, peigner chaque centimètre carré pour dénicher le big boss de la bande, THE MONSTER.
Je souffle un coup, et essaie de me reconnecter, je suis comme un gamin au pied du sapin de noël.
La frénésie continue et les poissons de plus en plus gros.


Petit à petit les frappes des perches diminuent, le soleil est bien descendu, j’insiste encore un peu.
Devant les roseaux ça à l’air pas mal, je longe les tiges émergentes, prends une touche, décroché, je continue de ramener, je fais une pause et BOOOM ! Grosse frappe, OUFFF c’est plus gros, jolie brochet, je desserre légèrement le frein pour qu’il puisse prendre du fil sans me casser, purée il a du jus celui là ! A l’approche de la surface il met des bons gros coups de gueule en hurlant "non, non pas le dentiste !!!"
Mais il est trop tard pour lui, le détartrage est inévitable…





Après ce poisson plus de touche.
C’est bizarre,  je lance, relance, plus rien…
Alors ça y est, c’est fini… La voiture est à 100 mètres, c’est incroyable, tout c’est joué là, sur cette petite zone.
Au total 5 perches sur-calibrées et 8 brocs auront succombés à mes leurres.

    Arrivé devant la voiture, à l’endroit même où j’ai attrapé le premier petit brocheton je tente quelques derniers lancés... Je commence par lancer en face en pleine eau : rien, à droite le long de la berge : rien, à gauche le long de la berge : je mouline lentement, quelqu’un vient d’arrêter net mon leurre, le poids que je ressens dans la canne laisse présumer à une grosse branche ou un gros, gros brochet… Si c’est une branche elle avance doucement vers moi… Hum hum c’est sur c’est un bec et pas un p’tit.

Je sens qu’il va démarrer d’un coup, je maintiens ma ligne bien tendu pour éviter qu’il se décroche, je ramène le tronc tranquillement et dans un gros remous il décide de s’énerver, il me prend 20 mètres de fil en 5 secondes, ma canne est bien pliée, wouhou!! Là ce n’est pas la même histoire !
Les autres poissons avaient déjà la patate mais celui-ci ne joue pas dans la même cour.  Après quelques minutes je prends le dessus, aperçois sa grosse gueule de tueur et vlan il repart de plus belle ! Quelle puissance, quelle violence, mais quel régal de lutter avec un monstre comme ça !
Finalement il s’approche, vaincu, ses derniers coups de gueule rageurs ne changeront rien.
Je le saisis, il est bien lourd, c’est peut être une maman vu la taille et le ventre.                                   
                                                        THE MONSTER, je te tiens !! 




Je remets vite à l’eau ce poisson, il s’est bien battu et a du perdre beaucoup d’énergie. Il regagna les profondeurs dans une splendide gerbe d’eau… "Merci pour les chaussures."
Le soleil est sur le point de se coucher, cette fois-ci la frénésie semble bien terminée.

Il me faut partir, les copains ont du rentrer de leur escapade.
Je ne les ai pas suivi pour partir de mon côté, pour pêcher…
J’aurais pu rester avec mes amis mais la pêche fait partie de ma vie, de mon caractère.
Elle est inévitable.
Merci à ceux  et à celle qui me permettent de vivre ma passion, de vivre des moments comme celui-la . 
La nature et ses émotions complètent celles de l’amour et l’amitié.
Tel est mon équilibre.   

C’est une journée que je n’oublierai pas et pour le coup je peux vous le confirmer :
« C’est aussi ça la pêche ! »