jeudi 26 juillet 2018

Torture 5






         Cette année la coutume nous a remis sur la route vers cette destination qui me laisse toujours aussi rêveur. Les espérances sont au rendez-vous et l’excitation palpable, avec à chaque fois un peu plus de pression!!
Mais; car oui dans la vie il y a malheureusement un «mais», je passerai à côté de ce séjour l'esprit un peu secoué par les aléas de l’existence.  (Alors excusez-moi si je ne pars pas dans des excès romanesques à propos des combats et autres scènes de pêche.. mais pas d'inquiétude, tout va bien.)
Pourtant, ce cadre bucolique et sans équivoque a réussi, par soubresauts à me déconnecter, m'entraînant corps et âme dans les méandres enchanteurs de ce lac aux émotions si particulières.

Les heures passées sur l'eau et les bonnes bouffes comme on sait si bien le faire furent de superbes moments de détente et de coupure. Adrien, JB, Arnaud, Will, Seb et Flo, merci !
Les pouvoirs d'une passion dévorante nous surprendront toujours !
Alors cette recherche du lingot d'or ??
Et bien il y a eu pêche !!! Difficile comme d'hab mais quand on passe des journées entières sur l'eau ça finit par mordre !
On aura tous réussi à faire immerger de vraies pépites, des poissons que seuls humilité, respect, passion, endurance mais aussi législation implacable permettent l'existence et la capture ; celle de l'instant présent. Une courte fenêtre d'explosion des sens dont nous profitâmes mais qui reflète des années de croissance dans les meilleures conditions.
Cela devient si rare.
Pas d'impact durant plus d'une décennie, pas de grosse pollution, pas de gros bouleversement lié à l’humain. Aujourd'hui c'est bien ce qui me fait le plus peur:: le fait de perdre de tels joyaux façonnés par le temps et effaçable en un claquement de doigts.
Pour l'instant, chaque année nous rejoignons cet endroit la trouille au ventre avec des œillères, cachés, avec l'appréhension que tout disparaisse, qu'il n'y ait plus d'eau, de peur qu'on nous vole le spot et que la folie de l'homme ne vienne tout gâcher. Cet endroit, nous l'aimons de tout notre cœur.

Elles sont magnifiques ces truites n'est ce pas? Et pourtant tout cela ne tient qu'à un fil.
La nature est dévastée et le phénomène s'accélère. 30% d'oiseaux en moins en France ces 15 dernières années, 80% d'insectes disparus.... Imaginons les conséquences.... 
Pour en revenir à la pêche et bien c'est la même. Les supports de vie de nos chers poissons sont le sol et l'eau et bien évidemment notre modèle agricole et notre mode de vie se retrouve au contact direct des habitants des milieux aquatique.
Si la surpêche (en mode nokill ou pas) joue sur le stress et le comportement des poissons et une portion du cheptel, l'impact des pollutions quant à lui est bien plus important car il tue ; il tue tout ! Pour en revenir au No Kill, oui il fait du bien aux populations quand il est très bien exécuté mais un réel prélèvement raisonné couplé à une vraie gestion nous donnerait à peu près les mêmes conclusions.

Regardez ce qu'il se passe dans les rivières Jurassiennes. En quelques années, les rivières qui étaient exceptionnelles (croissance d'une truite au bout de 2 ans : 40 cm... Oui Oui) se meurent à cause de grosses pollutions d'origine agricole et du manque d'eau en période estivale !
Alors la faute aux politiques ? Pas que ! N'oubliez pas que seuls les actes comptent.
La tchatche et l’auto persuasion bouillonnante sur les réseaux sociaux  ne sont que des bulles de merde qui nous explosent au visage. Elles nous prouvent juste une impuissance et un gros manque de volonté d'une société qui n'a pas encore percuté qu'elle avait les clefs d'un changement, celles justement du changement d'habitudes de consommation (et ça c'est nous qui décidons, pas les politiques).
Il est grand temps que chacun prenne conscience de ces actes et que chacun prenne sa part à l'instar de ce colibri qui tente d'éteindre le feu avec sa pauvre goutte d'eau.
Je pense qu'en 2018 toute personne a été informée et sensibilisée aux enjeux environnementaux, pourtant je reste assez pessimiste face à nos comportements.
Je sais que l'homme en est capable ; mais en a t'il envie ?