Dernière ligne droite avant de prendre l’avion. Nous somme à
Montréal et il nous reste seulement trois jours.
Comme tout voyage, le temps défile à
toute allure et on a l’impression qu’on vient juste de s’acclimater à notre
nouveau mode de vie.
La nostalgie commence lentement à tisser sa toile.
On aura vu tellement de choses qu’il est difficile de tout
remettre dans l’ordre. Les images se mélangent dans l’enivrante saveur des
souvenirs.
Une journée restera cependant marquée au fer rouge dans ma
mémoire de pêcheur.
Ce jour là est prévu depuis quasiment un an.
Oui, une année à discuter avec des Québécois pour
s’organiser une rencontre au bord de l’eau.
Et bien ça marche, j’aurais
rencontré François, Jean Simon, Christopher et Thomas.
Aujourd’hui je pars pêcher le fleuve Saint Laurent avec Sam.
Le courant est de suite super bien passé, ce gars est lui
aussi un vrai passionné avec en prime le cœur sur la main !
Son bateau est rapidement mis à l’eau et nous voilà comme
deux gamins à sortir des leurres dans tous les sens, à parler pêche enfin quand on arrive à se comprendre car entre l'accent et les expressions il y a un sacré temps d'adaptation, bref nos yeux
brillent !
En bon capitaine, Sam m’explique le déroulement de la
journée :
1/ On va commencer par pêcher à la traîne pour prospecter
certaines zones qu’il connait bien.
2/ Sur quelques spots nous pourrons jeter nos gros leurres
car il sait que les Français ne sont pas vraiment fans de la traine…
3/ Puis en fonction de nos résultats nous improviserons
jusqu’à ce que la nuit nous impose de rentrer.
C’est parti, nous accrochons au bout du fil des leurres
imposants que Sam fait avec un pote à lui. De redoutables armes pour capturer
de gros maskinongés. Voici le lien One shot tackle custom lures.
Les cannes sont calés, le bateau avance à allure constante, les leurres nagent, ou tentent de fuir. Je fixe le scion de la canne quand au bout d’à peine 10
minutes des secousses me font bondir !
Je m’empare de la canne, une
impression de lourdeur me fait comprendre que ce n’est pas un petit poisson. Le
fish envoie de violents coups de tête, il monte vers la surface, c’est un
maski !!!
Tabarnak, mon premier maskinongé !!!!
Assez rapidement
l’euphorie s’empare de moi, Sam qui m’a laissé combattre la bête m’aide à le
décroché. Il est là l’animal, dans mes mains, il annonce 40 pouces (1m)!!! Je suis
en train de vivre un rêve !
Avec un maximum de précautions et le plus grand respect nous
le remettons à l’eau.
Faute de champagne et malgré les 9h30 on s’ouvre une bière,
un tel poisson ça se fête.
Bon, ça c’est fait ! La journée est déjà réussie… Mais
elle ne fait que commencer…
Il me faudra une bonne heure pour que les tremblements
s’estompent.
La pression redescend, nous pouvons à nouveau nous concentrer.
Sam dessine des S de manière à éloigner les leurres du
sillage du bateau, le fleuve dévoile son immensité, on est bercé par le chant
des outardes, les arbres en bordure sont…
BOOOOMMMM!!!!!!!!!!! La canne vient de plier, quel réveil, je manque de tomber
par-dessus bord, m’accroche à la canne, c’est pendu, c’est lourd, gros, très
puissant !
Rien à voir avec le premier poisson ; là on joue dans
la cour des grands !
Je ne comprends plus rien, l’adrénaline et l’excitation m’a
fait oublier ce qu’il venait de se passer, comme si d’un coup je me réveillais
avec cet énorme poisson dans les bras.
Au regard de Sam je comprends que c’est un poisson proche des fameux 50 pouces, ne rêve des pêcheurs de musky. Il aligne ses 46
pouces (1m15)…
Encore une fois nous prendrons le temps de le ré-oxygéner
correctement.
Cet être précieux doit vivre et continuer de hanter les rêves des
pécheurs du monde entier.
S’en suivit une bonne période sans touche, je ferai tout de
même la perchaude et le bass cité lors de l’épisode 3.
Arrivé sur un grand plateau Sam m’annonce que la zone est
propice au lancé, excellent, j’attendais que ça, jeter mes leurres au milieu de
ces monstres affamés !
On se laisse donc dériver, le vent et les vagues nous
promettent du lourd. Très rapidement je prends une frappe, c’est un petit
brochet qui vient au bateau, puis un second bien plus intéressant.
Il y a du monde dans le coin !
C’est au tour de Sam de
monter son brochet à bord, il se fait aussi suivre par un énorme « petite
bouche » voulant gober un leurre de 30cm…Pfffff…
On ne perd pas une seconde, chacun peigne le plateau de son
côté.
Ce coup-ci je ramène mon leurre lentement jusqu’au bateau,
lui fait faire le "figure 8" quand soudain un espèce d’énorme éclair argenté fit
disparaitre mon leurre. Le temps s’est arrêté un instant, un gros remous
remonte à la surface, la tresse est tendu, proche de la rupture, mon corps se
crispe, j'ai juste le temps de me cramponner à ma canne.
Dans ma tête c’est un mélange d’angoisse et de terreur. J’ai
peur de me faire casser mais j’ai aussi très peur de voir le monstre qui vient
de prendre le leurre au pied du bateau !
Que dois-je faire ??? C’est du grand n’importe quoi, le
poisson me prend du fil avec une extrême violence. C’est une putain d’agression que
je vis à bord de ce bateau!!
Mais c’est quoi ce pays ????!!!
Petit à petit le plaisir prend le dessus, le stress laisse
place à l’extase. Tout ce que j’ai appris lors de mes multiples sessions pêche
est mis en place, aucune erreur ne doit être commise. Les rushs de la bête se
succèdent, le combat sera rude, brutal, sans concession !
Sam place l’épuisette à la perfection, je le hisse, je n’en
peux plus ! Ça y est, il est dedans ! Ce poisson est massif, large,
gras, magnifiquement monstrueux ! Je ne sais plus, 47 ou 48 pouces (1m20) de
muscles et de rêve.
A l’intérieur du bateau la joie éclate, celui-là sera mon
record et je ne suis pas prêt de le battre. Mais au delà des chiffres, c’est
bien les sensations intenses que j’ai pu ressentir que je retiendrai.
Bon, on s'la boit cette bière??!!
Bon, on s'la boit cette bière??!!
Après ça, le vent s’est calmé jusqu’à ce que le fleuve
devienne mer d’huile, j’espère que Sam en prenne un à son tour mais seules de
grosses attaques en surface résonneront dans l’immensité du fleuve. Ce sera
pour une prochaine car la nuit tombe et de toute manière la mission est
largement accomplie.
On se rentre tranquillement vers la mise à l’eau l’esprit
encore sous le feu de cette journée de partage… C’est malade man !!!!
En écrivant ses ligne je me rends compte que j’ai vraiment
eu de la chance de vivre ce voyage, de rencontrer ces personnages, d’attraper
ces poissons, d’avoir pu partager ces moments si précieux avec des gens exceptionnels !
Ici, enfin là bas c’est déjà la fin de l’été, en quelques
jours ce sera l’hiver, les températures chuteront d’un coup, les feuilles
finiront leur coloration automnale passant du vert au jaune puis au rouge des
plus intense avant de se voir recouvrir par les premières neiges.
Ce sera le froid, la glace et les longues journées à se
blottir au coin du feu.
Attendre patiemment que la nature du Québec ouvre à
nouveau ses portes.
MERCI Sam, François, Thomas, Yod et ses leurres et surtout Mélanie sans qui ce voyage n'aurait pu se faire.
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